La hausse de l’endettement des PME françaises peut constituer un frein à leur reprise économique. Avec l’instauration du second confinement, les entreprises abordent cette nouvelle phase avec des trésoreries de plus en plus tendues. Les PME et les TPE sont aujourd’hui nettement plus endettées qu’avant la crise. De plus, elles disposent souvent d’une rentabilité détériorée.
Au vu de ces fragilités, une chose est sûre, une entreprise ne peut aujourd’hui se financer exclusivement par emprunt sans capital suffisant. En effet, elle risque de ne pas trouver de prêteur. Il est donc vital pour les entreprises, dans cette période de crise, de garder un bon niveau de fonds propres. Cette bonne gestion est la clé pour ouvrir l’accès aux crédits bancaires.
Déficit de fonds propres des PME françaises et secteurs les plus touchés
Selon l’étude Euler Hermes d’octobre 2020, le déficit de fonds propres des PME françaises s’élève, à date, à 30 milliards d’euros. Un chiffre 10 fois supérieur à celui des PME allemandes s’élevant à 3 milliards d’euros, mais deux fois moins élevé que celui des PME italiennes (70 milliards d’euros).
L’étude montre également que les besoins en fonds propre des PME en France en temps de crise se sont beaucoup concentrés dans quelques secteurs : Hôtellerie-Restauration, Transports et entreposage, Électricité, gaz et climatisation, Maritime.
Les besoins en fonds propres des PME en France* | ||
Secteurs | Besoin en fonds propre | % total |
Hôtellerie-restauration | 11 milliards € | 38 % |
Transports et entreposage | 5,5 milliards € | 19 % |
Électricité, gaz et climatisation | 5 milliards € | 17 % |
Maritime | 3,4 milliards € | 12 % |
Aérien | 1,9 milliard € | 7 % |
Gestion de l’eau et des déchets | 1,6 milliard € | 6 % |
Extraction de pétrole et gaz naturel | 0,4 milliard € | 1 % |
* Chiffres issus de l’étude Hermes d’octobre 2020 sur les déficits en fonds propres des sociétés françaises
Ces chiffres laissent présager de très mauvaises perspectives en termes de solvabilité pour ces entreprises déjà fortement endettées et disposant souvent d’une rentabilité détériorée à moyen terme. De plus, les directions financières risquent de se heurter, dans les prochaines semaines, à des difficultés pour recouvrer certaines de leurs créances clients dans des délais raisonnables.
Le rôle de l’intervention de l’état français dans la recapitalisation des fonds propres des PME
Après avoir simplifié l’accès des entreprises au crédit, les pouvoirs publics français s’attellent également à trouver une solution pour renforcer leurs capitaux propres par recapitalisation.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé le 19 octobre que 20 milliards d’euros seraient consacrés au renforcement des fonds propres des entreprises, via des prêts participatifs** distribués notamment par les banques, mais auxquels l’État apportera sa garantie, soit 2 milliards d’euros.
Ces prêts participatifs seront disponibles dès le premier trimestre 2021, et ce jusqu’à fin 2022. Entre 10 000 à 20 000 entreprises pourraient en bénéficier.
Le « Label Relance » permettra d’identifier et de valoriser des fonds OPC (organismes de placement collectif) investissant dans les fonds propres d’entreprises françaises respectant un cahier des charges environnemental, social et de bonne gouvernance (ESG).
Ces entreprises sont principalement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). Elles peuvent être cotées ou non.
Renforcer les fonds propres des entreprises, une nécessité pour leur solvabilité et leur développement.
Les fonds propres, pierre angulaire de toute construction financière, constituent une ressource précieuse pour l’entreprise. Ils sont un gage de solvabilité pour les créanciers et déterminent la capacité d’emprunt d’une entreprise.
Dans cet environnement, les prêts participatifs sont destinés aux entreprises disposant d’un vrai potentiel de rebond et qui ont donc besoin de se doter de nouveau en capital.
** Prêts participatifs, soit prêts de longue durée remboursables après tous les autres prêts : on parle de « dette subordonnée de second rang ». Leur taux d’intérêt est fixe. Ils sont « participatifs » parce qu’ils autorisent le prêteur, dans les conditions prévues au contrat, à percevoir une rémunération variable en raison d’une clause de participation au bénéfice de l’emprunteur (l’entreprise).