Bilan procédures collectives fin 2023
Comme estimé en début d’année dernière, 2023 a enregistré un ralentissement de l’activité, en particulier dans les secteurs des Services et de la Construction alors que l’industrie a mieux résisté. Ce coup de frein a pesé sur la croissance française ; l’activité ayant finalement basculé dans le rouge au troisième trimestre 2023. Le PIB s’est ainsi affiché en recul de -0,1% sur fond de baisse du pouvoir d’achat des ménages qui ont revu leurs arbitrages en termes de consommation. Toutefois après un léger rebond au 4ème trimestre qui a atteint +0,2%, on estime que sur l’ensemble de l’année dernière, la croissance du PIB s’élève globalement à 0,9%. En 2023, en France métropolitaine, 56 000 ouvertures de redressement judiciaire, de liquidation judiciaire directe, et de procédure de sauvegarde sont comptabilisées, soit une augmentation de +34,8% par rapport à 2022. En ajoutant les procédures enregistrées dans les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM), nous atteignons le chiffre de 57 828 en 2023, soit une augmentation de +35,6% sur un an.
D’ailleurs un récent rapport sénatorial évoque le lien probable entre le remboursement des PGE qui, chez bon nombre de TPE, génèrerait des problèmes de trésorerie pouvant entraîner un risque de défaillance… Précisons néanmoins que les TPE et PME ont pu solliciter une prolongation de l’échéancier des PGE jusqu’au 31 décembre 2023…Et que le 7 janvier dernier, Bercy a annoncé une nouvelle prolongation de ce dispositif pour trois ans, jusqu’en 2026. L’augmentation du nombre de liquidations judiciaires met en exergue une détérioration de la situation des entreprises déjà en difficulté ; les PME et les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) sont les structures les plus impactées. Mais attention néanmoins à l’interprétation de ces chiffres en trompe-l’œil. En effet, nous assistons notamment à un phénomène de rattrapage des défaillances apparu après l’arrêt des aides qui avaient maintenu artificiellement de nombreuses entreprises à flot ; constat déjà évoqué dans nos précédentes analyses.
N’oublions pas également un autre point crucial, celui des prix de l’énergie. L’année 2023 aura chahuté le marché de l’énergie, notamment du fait des conflits géopolitiques et des difficultés de production d’énergie par EDF. Ces aléas ont causé une hausse historique du prix de l’électricité et du gaz naturel. Cependant, une bonne nouvelle quant au potentiel de production électrique de la France, fin décembre 2023, EDF a enfin confirmé que le raccordement de l’EPR de Flamanville au réseau sera effectué à la mi-2024, avec un chargement du combustible nucléaire en mars.
" Sur un plan national, dans un contexte inflationniste et même si le remboursement des Prêts Garantis par l’Etat (PGE) a été prolongé jusqu’en 2026, les tensions de trésorerie enregistrées chez certaines entreprises sont clairement préoccupantes. A l’international, si les incertitudes géopolitiques et les baisses de production de pétrole de l'Arabie saoudite et de la Russie interrogent, c’est clairement le ralentissement de l’économie mondiale qui interpelle…"
— Max Jammot, Responsable du pôle économique chez Ellisphere
La remontée du nombre de défaillances est toujours inégale selon les régions. Sans surprise, nous retrouvons dans le trio de tête, l’Ile-de-France, suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes et de PACA. Les deux premières régions enregistrent chacune une évolution du nombre de défaillances de +37%. L’économie francilienne a été globalement bien orientée au second trimestre 2023 avec notamment un bon maintien du secteur Hôtellerie-restauration. Certains secteurs ont néanmoins souffert tels que le secteur Agroalimentaire qui a été fortement freiné par un repli de la demande. En Corse, le tourisme, pilier économique de l’île, n’a pas été épargné avec un hébergement insulaire qui a enregistré, durant la période estivale 2023, une baisse de fréquentation supérieure à -8%. Côté agriculture, la fièvre catarrhale ovine a fait des ravages sur l’année écoulée, générant de grandes difficultés dans la filière concernée. Dans ce contexte, la Corse enregistre une explosion du nombre de défaillances sur un an de +70% ; évolution à relativiser compte tenu du faible nombre de structures concernées, soit 378 entités.
Au plan national, sous un angle sectoriel, le Bâtiment & Travaux Publics (BTP) enregistre sans surprise une augmentation de +26,1% du nombre de défaillances en métropole, avec 14 220 structures concernées. Suivent ensuite, et comme chaque année, les Services aux Particuliers (une augmentation de +18,8%) et les Services aux entreprises (+10%). De par sa grande population d’entreprises, le secteur du BTP a toujours historiquement représenté près d’un quart des défaillances enregistrées en métropole. Les prix des logements sont en baisse depuis le quatrième trimestre 2022 dans la zone euro, en raison notamment des hausses de taux d’intérêt qui ont réduit la capacité des ménages à emprunter, et donc à acquérir un bien. Le secteur est malheureusement confronté à un cumul d’impacts négatifs parmi lesquels l’augmentation du prix des matières premières et de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement, de recrutement ainsi que la hausse des taux sur les crédits immobiliers. Autant d’entraves à la sérénité dans la construction, et le BTP en général
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Notre pôle économique décrypte chaque mois l’actualité de la dynamique entrepreneuriale en France métropolitaine ainsi que dans les DROM, et vous livre ses enseignements.