Un palier atteint dans le stress économique ambiant
Pour la majorité des entreprises françaises, la question prégnante depuis plusieurs mois demeure l’impact réel de l’envolée du prix des matières premières et de l’énergie sur leur trésorerie. Si le marché du pétrole marque le pas, le prix des métaux progresse encore dans un contexte de faiblesse des stocks ; constat identique pour celui des matières premières agricoles frappées par de mauvais rendements dus aux sécheresses.
Dans ce contexte, toutes les activités industrielles sont touchées à des degrés divers, et au premier plan les plus énergivores. Pour certaines, le coût de l’énergie devenu insurmontable débouche sur des arrêts partiels ou complets des chaînes de production, à l’image d’Arc International placé en sauvegarde financière accélérée. La crainte des prochaines échéances tarifaires flotte désormais sur de nombreuses entreprises comme celles de la logistique du froid, de l’agroalimentaire.
Du côté des ménages, l’inflation attendue à 6,4 % en 2022 impacte la consommation avec un PIB limité à 2,6 % sur l’ensemble de l’année ; elle rognera certainement le pouvoir d’achat. Les arbitrages de consommation se feront plus drastiques d’ici la fin de l’année, en particulier concernant l’énergie et l’alimentation.
Une augmentation du nombre de procédures collectives qui frise les 50 % en 2022
Sur 12 mois glissants à fin octobre 2022, l’ensemble des procédures collectives progresse de + 40,6 % avec un peu plus de 39 000 ouvertures. Les procédures les plus concernées sont les redressements et liquidations judiciaires (+ 40,8 %), soit 5 points de plus qu’en septembre 2022, évolution qui reste néanmoins en déca de celle de 2019.
Le nombre de procédures de sauvegarde augmente de + 25,3 % (1 point de plus en un mois) ; cette évolution dépasse désormais le niveau de 2019.
Sur les 10 premiers mois de l’année 2022, l’augmentation frise les 50 % par rapport à la même période en 2021, soit + 49,2 % pour les redressements et liquidations judiciaires et + 43,6 % pour les procédures sauvegarde.
Les PME souffrent le plus : les défaillances y progressent ainsi de + 52 %. Les entreprises âgées de 5 à 10 ans représentent un tiers des dépôts de bilan. Enfin, le coût social des défaillances s’élève à plus de 117 000 postes salariés menacés à fin octobre 2022, un niveau supérieur à celui de 2020.
Des secteurs et des régions désormais très impactés
Sur les 12 derniers mois à fin octobre, des secteurs d’activité sont largement impactés et enregistrent des évolutions supérieures à + 50 % : principalement les Services aux particuliers (+ 73,4 %), la Distribution (+ 61,8 %), les Biens de consommation (+54,3 %). Pour ces trois secteurs, le durcissement des choix de consommations des ménages et la difficulté à trouver des économies de frais fixes ont largement obéré la trésorerie des entreprises. L’Agroalimentaire est également touché avec + 77,4 % ; en amont, l’explosion du coût des matières premières et de l’énergie balaie les structures les plus fragiles.
Des évolutions importantes touchent également certaines zones géographiques. Si l’Île-de-France résiste le mieux, d’autres régions ont enregistré + 50 % du nombre de procédures collectives, notamment l’Auvergne-Rhône-Alpes, second pôle économique national (+ 51,7 %). La région Hauts-de-France continue de souffrir avec + 78,3 % du nombre de défaillances. Sans oublier les régions Normandie et Bretagne où le nombre de procédures collectives augmente respectivement de + 56 et + 51,5 %.
* sont comptabilisées dans les procédures collectives : les ouvertures de redressement judiciaire et de liquidation judiciaire directe (défaillances au sens strict), de procédures de sauvegarde et de traitement de sortie de crise.