Une économie entre reprise et épargne, sur fond d’inflation
Alors que se met progressivement en place la fin des mesures exceptionnelles de soutien étatique à l’économie – le « Quoi qu’il en coûte » – l’économie française témoigne d’un rebond économique marqué : l’Insee a relevé sa prévision de croissance du PIB à 6,25% du PIB pour l’année 2021, quand la Banque de France attend, de son côté, une croissance de 6,3%.
Du côté de la consommation des ménages, si les dépenses progressent sur les derniers mois, la prudence reste de mise et la sur-épargne de précaution demeure importante avec 157 milliards d’euros épargnés depuis le début de la crise sanitaire.
Actuellement, dans leurs paniers, les consommateurs font par ailleurs face à une hausse des dépenses contraintes, comme les prix de l’énergie (gaz et carburants au premier chef), et ceux des produits alimentaires avec une inflation annuelle attendue de 2,2 % selon la BCE.
« Plusieurs raisons expliquent les difficultés de l’agriculture : la dégradation dans l’élevage de porcins, les calamités agricoles avec les périodes de gel, de sécheresse et d’inondation que nous avons connues, ainsi que les tensions sur le secteur de la pêche, suite au Brexit ; tensions qui perdurent avec l’Ile de Jersey qui, pour exemple, a accordé 95 licences de pêche à des bateaux français mais en a refusé dans le même temps 75. »
— Max Jammot, Responsable du pôle économique chez Ellipshere
Des secteurs et des régions plus impactés
Du côté des professionnels, des secteurs comme le Bâtiment & Travaux Publics (BTP), l’Automobile, les Jouets ou encore l’Electronique connaissent une pénurie de matières premières et de composants, ralentissant chaînes de production et de livraison. A cela s’ajoute une hausse des prix : énergie, métaux, matières premières agricoles, matériaux de construction – et de leur coût de transports. Cette hausse devrait être répercutée in fine sur les prix de vente.
Dans certains secteurs économiques comme l’Hôtellerie-restauration et le Commerce de détail, la reprise apparaît plus frileuse en cette rentrée. Quant à l’Industrie (textile, métallurgie, automobile, biens d’équipement), le moral et les carnets de commandes semblent rester en berne à court et moyen termes.
A fin septembre 2021 sur douze mois glissants, la tendance s’est cependant inversée pour certains secteurs. Ainsi, les effets délétères d’une année chaotique s’affichent désormais clairement pour le secteur Agriculture et pêche pour lequel le nombre de défaillances progresse de 3,2 % sur un an. Dans ce secteur, c’est le segment Pêche & Aquaculture qui souffre le plus dans un contexte de difficultés post-brexit où se multiplient les refus de permis de pêche. Ainsi, sur la période étudiée, les défaillances progressent de 27 % et dépassent désormais les résultats de 2019. Enfin, les producteurs de viande sont également plus largement touchés.
En région, la tendance est toujours à la baisse pour le nombre de défaillances sur douze mois à fin septembre et sur le trimestre. Le podium reste occupé pour 50 % par l’Ile-de-France, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes. Aux deux premières places, l’Ile-de-France et PACA affichent cependant des replis moindres comparés à l’ensemble du territoire (-18 %). La relance dans ces deux régions, plus dépendantes de la manne touristique et de l’activité immobilière, apparaît plus difficile. Tandis que le nombre de procédures de sauvegarde augmente nettement dans les régions Grand Est (+ 18,2 %), Normandie (+ 16,1 %) et Ile-de-France (+ 5,4 %).
Quelles sont les entreprises les plus touchées ? Les TPE (Très Petites Entreprises) sont les plus impactées par les redressements judiciaires (RJ) et liquidations judiciaires (LJ) directes, ainsi que par les procédures de sauvegarde (PS) avec respectivement 91,2% et 67,1%.
Selon la tranche d’âge, ce sont les entreprises entre 5 et 20 ans d’existence qui sont les plus touchées par les RJ, LJ et PS.
Procédures collectives, un été en pente douce
Dans ce contexte, à fin septembre 2021 (sur 12 mois glissants), on recense :
A fin septembre 2021 sur 12 mois glissants, le nombre de défaillances d’entreprise (ouvertures de redressement judiciaire et liquidation judicaire directe), et celui de procédures de sauvegarde baissent, avec respectivement pour résultat – 25,3 % et – 8,4 %. Ces baisses sont cependant moins importantes qu’à fin 2020 (respectivement – 38 % et – 15,5 %).
Toutefois, face aux juges, le sort des entreprises reste toujours largement scellé par la liquidation judiciaire directe visant 77 % des défaillances d’entreprise.
Quels impacts financiers ont ces défaillances d’entreprise ?
A fin septembre 2021, 50% des dettes fournisseurs concernent les PME, suivies de près par les ETI. Sur 12 mois glissants à fin septembre 2021, le taux des dettes fournisseurs dans le passif des entreprises en redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe, a retrouvé avec un taux de 26,6% un niveau proche de celui de 2018 (26,9%).
Les dettes bancaires concernent également majoritairement les PME (51,8%) et les ETI (48,7%), les premières dans le cadre de redressements judiciaires ou de liquidations judiciaires directes, les secondes dans le cadre de procédures de sauvegarde. Par ailleurs, même s’il a sensiblement augmenté à fin septembre 2021, le taux des dettes bancaires dans le passif des entreprises, reste inférieur à celui enregistré en 2019, et ce tant pour les défaillances (RJ et LJ), que pour les procédures de sauvegarde.
#FocusEco
Quel état des lieux pour les défaillances d’entreprise à fin septembre 2021 ?
Dans ce contexte qui reste compliqué, à fin septembre 2021 sur 12 mois glissants, la tendance générale des procédures collectives reste à la baisse. Zoom avec notre étude sur les principaux enseignements sur la situation des entreprises.