L’eau dans le monde

Alors qu’au niveau mondial, les besoins en eau ne cessent d’augmenter, la prise de conscience que cette ressource est limitée s’ancre enfin. Il semble dorénavant clair que le changement climatique impacte la fréquence et l’intensité des sécheresses ainsi que des inondations, qui accentuent la fragilité de nos réserves en eau. Sans compter l’urbanisation grandissante, et plus généralement l’artificialisation des sols que l’on peut considérer comme étant des freins importants à une gestion durable de la ressource en eau. Ainsi, les enjeux de la ressource en eau pour les années à venir, visent réellement de tout faire pour préserver la quantité et la qualité de l’eau douce disponible pour les populations humaines, mais également pour l’ensemble du vivant.

Lors d’une récente conférence en octobre 2022, l’OMS, l’UNICEF et la Banque mondiale ont ainsi estimé que les états se doivent d’investir stratégiquement dans la construction de systèmes d’eau potable, en renforçant non seulement le financement, mais également « les capacités de planification, de coordination et de réglementation de la prestation de services, afin que le monde parvienne à un accès universel à l’eau potable et atténue les effets du changement climatique ».

Rappelons à ce titre qu’un quart de la population mondiale demeure encore, à ce jour, en marge de cet accès à l’eau potable…

En France, la problématique des mégabassines

Des conflits récents, en lien avec les pratiques d’irrigation au sein de l’agriculture ont opposé des exploitants agricoles à des groupes de défenseurs de l’environnement. Plébiscitées par certains agriculteurs pour lesquelles elles sont une nécessité, dénoncées par des opposants, pointées du doigt par des scientifiques… Les mégabassines créent la discorde. Le principe de ce dispositif est simple : retenir l’eau, principalement lorsque la pluviométrie est positive en hiver, à l’aide de barrages, ou en creusant des réservoirs que l’on alimente par pompage dans les nappes phréatiques ou les rivières.

En outre, certains opposants arguent le fait que ces bassines et autres systèmes de pompage de l’eau ne profiteraient qu’à 10% des agriculteurs, principalement les céréaliers et ceux qui cultivent le maïs, très gourmand en eau. Il semblerait donc que ces initiatives tiennent plus compte d’intérêts privés que du fruit d’une réelle concertation sur les réserves naturelles locales, bien commun s’il en est.

Si pour la FNSEA, le stockage de l’eau est « un enjeu d’intérêt général », les scientifiques estiment pour leur part, que les bassines sont « une mal adaptation ». Élaborer un barrage ou une bassine afin de stocker le surplus en hiver signifie clairement que cette eau ne finira pas dans les sols. D’autres opposants évoquent à ce titre un « accaparement de l’eau » et entendent bien défendre leur vision de l’environnement, prônant avant tout un type d’agriculture raisonnée.

La gestion des collectivités locales

Face aux nouveaux enjeux climatiques, la chasse aux fuites d’eau dans les réseaux d’eau potable sur l’Hexagone vient d’être intégrée au plan « Eau » du Gouvernement. En effet, 20% de l’eau distribuée en France serait perdu à cause de fuites. Selon les départements, cela signifierait… Près d’un litre sur cinq ! Parmi les principales causes recensées : « la corrosion intérieure et extérieure des canalisations, les problèmes de tassement et de déformation des terrains, l’usure des joints entre les canalisations ou encore la fragilité des points de piquage des branchements individuels sur les canalisations publiques ». Difficile alors, en ce domaine, de ne pas évoquer la vétusté d’une bonne partie du réseau d’eau potable en France, le principal constat étant en effet que les canalisations sur le territoire ont été installées voici plus d’un demi-siècle. De plus, seulement 0,61 % des 850 000 kilomètres du réseau d’eau potable seraient rénovés par an.

Aujourd’hui, la localisation des fuites peut être établie selon différentes méthodes : acoustique, gaz traceur ou encore à l’aide de drones, munis de capteurs permettant l’inspection des réseaux d’assainissement par caméras. Les collectivités entendent donc optimiser leur surveillance. Le constat est variable d’une zone géographique à une autre. Ainsi, douze agglomérations révèlent des taux de fuites supérieurs d’au moins 10 points à la limite légale de 15%, fixée en 2012. Pour les communes rurales, les fuites tolérées peuvent atteindre 35%.

Ainsi, selon le dernier rapport UFC-Que Choisir : environ un quart des communes de moins de 1 000 habitants perdraient dans les faits un litre sur deux. Les opérations de détection, de maintenance et de remplacement ne peuvent donc être réalisées sans des investissements conséquents. Il est par conséquent très difficile, voire impossible pour les petites communes qui ne disposent pas des ressources humaines et financières, de réaliser de tels travaux. Les collectivités devraient pouvoir compter sur l’aide de l’État. Dès 2024, dans le cadre de son plan « eau », le gouvernement français entend mobiliser 180 millions d’euros par an pour résorber “en urgence” les fuites d’eau en France, dans les points les plus sensibles.

Les professionnels de l’eau de source

Globalement, la plupart des puits des producteurs d’eau minérale sont profonds, donc quelque peu épargnés par la situation actuelle de sécheresse. Néanmoins, les vagues de chaleur à répétition et la baisse des précipitations dans de nombreuses régions de l’Hexagone menacent le remplissage des nappes phréatiques et les forages les moins profonds des minéraliers. Tel est le cas pour les deux puits de Nestlé Waters dans les Vosges dont la profondeur est particulièrement faible. La société, qui exploite également les marques Vittel, Contrex et Perrier, entend « accélérer la mise en œuvre de mesures destinées à améliorer la résilience de ses activités ».

Autre exemple, Wattwiller, qui embouteille de l’eau minérale d’Alsace, a, dès l’an dernier, annoncé le plafonnement de sa production d’eau afin de préserver sa source. Dans le Puy-de-Dôme, Volvic (groupe Danone) a, elle aussi, dû réorganiser ses activités afin de mieux gérer les sources.

Deux forages dédiés à l’eau Hépar ont été également fermés pour une durée indéterminée. Quoi qu’il en soit, la sécheresse représente donc un nouveau défi pour les distributeurs d’eau en bouteille ; les aléas climatiques affectant clairement la disponibilité de la ressource en eau sur ces forages.

Autre problématique, la qualité de l’eau avec des microparticules de plastique qui ont été retrouvées dans des bouteilles… Près de 80 % des eaux en bouteille seraient en effet contaminées par ces microplastiques dont la présence est variable selon les marques…

Les principaux plastiques retrouvés ont été le polypropylène, le polyéthylène et le polyéthylène téréphtalate… Volumes captés et qualité de l’eau, les marques sont désormais contraintes de s’adapter afin de résoudre ces problèmes à long terme.

Conclusion

L’eau est un défi majeur pour le XXIème siècle. Indispensable à l’ensemble du vivant sur terre, notamment aux hommes, à l’agriculture, mais également à l’industrie, l’eau ne doit plus être considérée comme une ressource illimitée. Le constat est en effet alarmant avec la raréfaction de cette ressource, sur fond de sécheresses et d’inondations à répétition… Ainsi que la terrible situation vécue par deux milliards d’êtres humains toujours sans accès à l’eau potable.

Malheureusement, ces constats devraient s’aggraver dans les décennies à venir, compte tenu notamment du changement climatique. Quant aux financements nécessaires pour espérer résoudre les grands défis soulevés, les estimations sont délicates. Toutefois, une étude citée par un récent rapport de l’ONU évalue à plus 1 000 milliards de dollars par an les investissements nécessaires pour atteindre « d’ici à 2030 le sixième objectif de développement durable” sur l’eau et l’assainissement pour tous. Afin de garantir notamment un accès universel et équitable à un approvisionnement en eau potable d’ici à 2030, il serait indispensable de multiplier par trois les niveaux d’investissement actuels… Essentiellement publics ?