Tout d’abord, une petite définition de cette stratégie marketing et commerciale, même si l’origine du concept est incertaine. Le terme « shrinkflation » a été élaboré à partir du verbe anglais « to shrink” qui signifie « réduire » et du mot « inflation ». On parle également en français de « réduflation ».
Dans les faits, l’inflation actuelle impacte tous les secteurs de l’économie et notamment, l’industrie agroalimentaire dont les coûts de production augmentent. Les grands groupes cherchent donc, entre autres pratiques, à répercuter ces surcoûts sur les consommateurs. L’une des solutions utilisées par certaines marques est donc de réduire la taille de leurs produits mais pas leur prix, et ce, sans avoir systématiquement prévenu les consommateurs au préalable.
Depuis des années, l’ONG Foodwatch qui se bat pour la transparence dans l’Agroalimentaire, a de nouveau alerté sur cette pratique, de plus en plus dénoncée par les associations de consommateurs.
Quelques rares groupes ont abordé le sujet. Ainsi, courant juillet 2022, PepsiCo, géant de l’Agroalimentaire a évoqué le fait que l’enseigne préférerait ne pas augmenter le prix des produits en rayon (afin d’éviter un recul des ventes) mais opterait plutôt pour une réduction de la quantité de produit dans chaque paquet… Dans le cas présent, céréales et chips du groupe.
Selon John Plassard, expert agro-alimentaire du Fonds Mirabeau, ce serait environ 2% des produits qui seraient concernés. Dans la pratique, un produit sur 50 vendu en grande distribution serait susceptible d’enregistrer ce tour de « passe-passe ».
Compte tenu de la conjoncture que nous traversons, il est à craindre que ce phénomène s’amplifie ; d’autant que les prix des emballages, des matières premières ont explosé ces derniers mois. Ainsi, l’Union Européenne pourrait entrer en récession en fin d’année et subir une inflation plus forte que prévu, notamment en répercussion de la flambée des prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine, a ainsi prévenu la Commission Européenne.
Afin de limiter la shrinkflation, l’un des garde-fous existants est le service de la Répression des Fraudes qui exerce actuellement moultes contrôles sur le sujet. A ce titre, il semblerait que ces contrôles, malheureusement, confirment la pratique. Ainsi, en septembre dernier, un magasin sur 10 aurait été surpris à avoir modifié les étiquettes sans avoir informé le consommateur de la réduction du volume proposé à la vente.
Si le client n’est pas coutumier de vérifier systématiquement le prix au kilo, il ne pourra comparer et par conséquent être informé des baisses de volume sur certains produits.
L’inquiétude sur le pouvoir d’achat étant plus que jamais de mise, il serait souhaitable que l’Etat légifère et fasse évoluer ou précise certains articles du code de la consommation.
La difficulté étant que, dès lors que le nouveau grammage d’un produit est bien indiqué sur l’emballage, cette pratique n’est pas constitutive d’une fraude…