Une évolution constante
Le rôle du Directeur Administratif et Financier (DAF) ne cesse d’évoluer depuis la fin des années 2000. La digitalisation a profondément transformé la manière d’appréhender la fonction et son rôle au sein de l’entreprise.
Face au millefeuille règlementaire (IFRS 16, GDPR etc.), la transformation digitale et la pression des investisseurs, le DAF ne peut plus se contenter d’être le « cost killer » de l’entreprise. Il doit ainsi accompagner le changement à tous les niveaux. Ces mutations modifient son environnement, le faisant intervenir au-delà de sa zone de confort. Il devient parti prenant des choix stratégiques qui contribuent à l’automatisation des processus métier et transverse.
Le paysage financier actuel étant totalement bousculé par l’intelligence artificielle, le data analytics et l’outsourcing, il doit donc accompagner la Direction Générale dans des choix technologiques qui impacteront l’entreprise sur le long terme. Ces choix sont à la fois internes, via la mise en place de nouveaux projets, ou externes via des acquisitions de startups de type Fintech ou Regtech qui permettront à l’entreprise de franchir des seuils de compétitivité. L’étendue de ces changements peut partir d’une simple amélioration des outils de consolidation et d’harmonisation des reporting, jusqu’à l’utilisation de l’analyse prédictive pour optimiser les prises de décision.
Un rôle plus ancré dans le business et la stratégie
Initialement centré autour de l’élaboration et du pilotage de la politique financière de l’entreprise, le rôle du DAF doit aujourd’hui prendre en compte la transformation digitale de toute l’entreprise.
L’organisation de la Direction Financière autour du nouveau rôle
Le Directeur Financier doit mettre en place un dispositif intégré qui lui permettra d’être proactif à la fois sur ses missions traditionnelles et sur son rôle de « Business Maker ».
Il n’est donc pas à exclure que la dimension et les profils de l’équipe du Directeur Financier évoluent afin de répondre à ces nouveaux enjeux. En plus des métiers traditionnels de la Direction Financière, des profils supplémentaires seront nécessaires pour réagir efficacement aux projets de types fusion et acquisitions, optimisation économique, etc.
Les activités récurrentes telles que l’établissement des comptes, les prévisions de trésorerie, l’édition des tableaux de bord devront donc se faire en parallèle d’un fonctionnement en mode projet pour traiter le nouveau type de sujets mentionné ci-dessus.
Sur les décisions de croissance (rachat, intégration d’une autre société, ou introduction en bourse), le rôle de conseil du DAF prend toute son ampleur : la Direction Financière est l’interlocuteur privilégié du Directeur Général (ou du président directeur général) et des partenaires potentiels.
Interlocuteur privilégié des banques, des actionnaires, des différentes autorités nationales et internationales, des représentants publics et parapublics, des marchés et des auditeurs, le DAF devient également l’interlocuteur des différents services opérationnels et services supports de l’entreprise, mais aussi des bailleurs de fonds, des Brokers, des cabinets financiers et même des fonds d’investissement.
Un changement inscrit dans la durée
Aujourd’hui, même si ce nouveau rôle n’est pas encore généralisé, l’actualité économique et les nouvelles priorités des entreprises dessinent une tendance qui devrait se consolider à moyen terme.
L’enjeu sera de trouver le « juste équilibre » en fonction de la culture de chaque entreprise et des compétences de chaque Directeur Financier. Il faudra éviter de tomber dans l’excès qui renforce l’image de « censeur » du DAF qui, par excès de prudence, bride les initiatives des opérationnels, ou à l’inverse, délaisse ses activités traditionnelles qui restent primordiales pour l’entreprise.
Même si les différentes crises économiques récentes ont redonné du poids à l’approche financière et, de fait, a remis le Directeur Financier au centre du jeu, il n’en demeure pas moins que le bon équilibre entre financiers et opérationnels et la qualité de leur travail en commun est clé dans la construction de la stratégie de l’entreprise et la réussite de sa mise en œuvre.
Le DAF sera de plus en plus tenu, ne serait-ce que par souci de crédibilité envers les autres directions, d’aborder les problématiques de l’entreprise dans sa transversalité, et de favoriser la communication entre les métiers.