Pouvez-vous brièvement nous rappeler ce que recouvre l’open data ? De quoi parle-t-on ?
L’open data, c’est la mise à disposition de données produites par des entités publiques. Cela inclut des informations sur les entreprises, des données cadastrales, des risques sismiques, des données climatiques, et bien plus encore. Deux exemples très concrets, les horaires de train publiés par la SNCF et les données financières sur les entreprises détenues par les greffes des tribunaux de commerce. Ces informations étaient auparavant difficiles d’accès, mais des directives européennes et la loi Axel Lemaire de 2017 en France ont changé la donne en les rendant accessibles gratuitement avec une licence unique de réutilisation. Un autre exemple, avec les décisions de justice qui seront également bientôt disponibles en open data, ce qui soulève d’ailleurs de nombreuses questions comme l’anonymisation et la réutilisation des données pour protéger la vie privée.
En rendant les données aisément accessibles, l’objectif est de favoriser l’innovation, ou plus simplement d’améliorer les solutions et services dans divers secteurs d’activité.
Ceci étant dit, l’open data qui offre plus de transparence sur de nombreuses données, se trouve confronté dans sa réutilisation à la nécessité de protection des données personnelles. S’il ouvre de nouvelles perspectives, il nécessite aussi une extrême vigilance sur ses conditions d’utilisation et de diffusion.
Avec l’arrivée de l’open data, certains ont cru voir la fin du modèle économique de l’information BtoB payante au bénéfice des sites d’information freemium. Pourtant, les sociétés d’information sont toujours présentes. Comment ont-elles pu tirer leur épingle du jeu ?
Le rôle d’Ellisphere et des autres acteurs du marché de l’information sur les entreprises est d’aider les acteurs économiques à prendre des décisions rapidement grâce à des informations fiables. Pour ce faire, nous travaillons avec des données économiques, financières, extra-financières ou encore légales pour bâtir des solutions adaptées aux enjeux des professionnels du risk management, de la compliance, du marketing.
En complément de sources payantes auxquelles nous faisons appel, l’open data a rendu certaines données accessibles gratuitement, mais souvent de qualité moindre. Pour maintenir la qualité et la fiabilité des informations que nous diffusons, nous devons contrôler et croiser les données collectées entre plusieurs sources, ce qui nécessite une charge de travail supplémentaire pour nos équipes. Toutefois, ce travail reste essentiel pour garantir des services à forte valeur ajoutée, et maintenir une data BtoB de qualité sur le marché de l’information.
L’open data est finalement une source d’information parmi d’autres…
Effectivement, l’open data est une source précieuse parmi d’autres. Chez Ellisphere, nous croisons ces données avec nos référentiels propriétaires pour nous assurer de leur cohérence. Par exemple, en France, 60% des entreprises choisissent de ne pas rendre leurs comptes publics, ce qui limite l’accès à ces informations pour le grand public. Cependant, des sociétés comme la nôtre ont accès à ces données confidentielles, sans pour autant pouvoir les diffuser telles quelles, nous permettant ainsi d’avoir une image plus complète et précise de la santé économique et financière des différents acteurs.
En dehors de ces contrôles de cohérence, nous enrichissons les données issues de l’open data avec nos propres sources pour créer des solutions d’informations pertinentes. Ces processus de contrôle et d’enrichissement sont cruciaux pour garantir à nos clients que leurs décisions seront prises à partir d’informations fiables.
Plus fortement encore que pour l’open data, l’avènement de l’Intelligence Artificielle est perçu comme le commencement de la fin pour de nombreux métiers. Quelle est votre analyse sur l’arrivée de l’IA ?
L’intelligence artificielle représente une révolution dans notre manière de traiter et d’analyser les données, ainsi qu’une opportunité de bâtir de nouvelles solutions et services.
Cependant, pour que l’IA soit efficace, elle doit être alimentée par des données de haute qualité. Nous devons nous assurer que les données utilisées par nos algorithmes soient exactes et complètes. Une IA appliquée à des données brutes et non traitées ne donnera pas de résultats fiables. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la qualité et l’intégrité des données que nous collectons et analysons.
On le constate une fois de plus, la qualité des données est au cœur de tous les sujets.
Chez Ellisphere, les nouvelles technologies ont toujours joué un rôle central dans le développement de l’entreprise, et dans le déploiement de grands projets très innovants. Pouvez-vous partager des exemples concrets pour lesquels de nouvelles technologies ont permis de bâtir de nouveaux produits, services ou process ?
Les nouvelles technologies, et en particulier l’IA, ont transformé notre façon de travailler et les services que nous offrons. Ainsi, nous utilisons l’IA pour détecter des fraudes documentaires ou des incohérences dans les informations fournies par les entreprises. Un cas concret est la détection de faux représentants légaux ou de faux documents administratifs, ce qui est crucial pour prévenir certains types de fraude.
Nous utilisons également l’IA pour analyser la santé économique des entreprises. Les algorithmes peuvent détecter des signaux faibles indiquant une possible défaillance ou, au contraire, des signaux positifs sur la solidité financière. Cela permet à nos clients de prendre des décisions plus éclairées et de mieux gérer les risques notamment en credit management.
Qui dit nouvelles technologies, dit nouveaux métiers, nouvelles organisations de travail… Comment maintenir les compétences nécessaires dans les équipes, mais aussi mettre en place de nouvelles expertises métier qui participeront au développement, particulièrement d’une entreprise comme Ellisphere ?
La formation des collaborateurs est un élément clé. Chez Ellisphere, nous avons mis en place des programmes de formation pour nos gestionnaires de données afin qu’ils puissent utiliser de nouveaux outils et techniques de collecte, de contrôle, et d’enrichissement de l’information. Ces formations changent leurs habitudes de travail, mais sont essentielles pour maintenir la qualité et la fiabilité de nos référentiels de données.
Une fois les informations contrôlées, elles sont analysées par des algorithmes d’intelligence artificielle afin de détecter des comportements de probabilité de défaut, de fraude, ou encore de croissance. Cette approche nous permet de rester à la pointe de l’innovation et de proposer des solutions toujours plus performantes à nos clients.
En somme, l’open data et l’IA représentent des opportunités majeures pour Ellisphere. Combinées à de solides expertises humaines, elles nous permettent d’innover, de développer des nouveaux produits, et d’offrir à nos clients des solutions fiables et pertinentes pour des prises de décision toujours plus engageantes.
Mais utiliser l’open data et l’IA sans contrôle, n’est absolument pas concevable pour nous. Et comme le disent de façon abrupte mais très évocatrice nos partenaires anglosaxons « bullshit in, bullshit out ». La réponse à cela réside dans la combinaison de nouvelles technologies et d’expertises humaines solides.