Les enseignements de la crise Covid
L’année 2020 nous aura permis d’observer l’impact qu’un facteur méconnu peut avoir sur les entreprises et la capacité de ces dernières à s’adapter. Il semblerait notamment que celles ayant une meilleure politique RSE volontariste s’en soient mieux sorties.
Novethic, notamment, la définit comme un « facteur de résilience et de compétitivité ». Coïncidence ou pas, cela risque d’accentuer la tendance des investisseurs à privilégier les entreprises soucieuses de leur politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). En effet, la notation extra-financière est l’outil privilégié par un nombre croissant d’acteurs.
Pour les investisseurs, il s’agit d’un moyen de savoir qui intégrer à son portefeuille ; pour les entreprises, un levier pour être attractives. Il y a fort à parier que le contexte actuel va accélérer le processus de transition des entreprises dans leur démarche RSE.
Qu’entend-t-on par notation extra-financière ?
La notation extra-financière se fonde sur une évaluation de critères tournant autour des thèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance. On parle notamment de notation ESG (désigne les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Ces critères sont déterminés en fonction du secteur d’activité et permettent d’établir une note, souvent établie par les agences de notation, avec un score sur une échelle allant de 0 à 100.
Lorsqu’elle est demandée par les investisseurs, on parle de notation déclarative, à l’inverse de la notation sollicitée, qui se fait sur demande de l’entreprise. La notation déclarative est aujourd’hui la plus courante.
De nouveaux enjeux autour des politiques RSE
Depuis plusieurs années, de petites entreprises se sont spécialisées sur le marché de la notation extra-financière, principalement en Europe. Par ailleurs, les grands noms de la notation classique tels que Moody’s, S&P et Fitch ont commencé à intégrer des critères ESG dans leur notation. Ils ont également commencé à racheter certaines de ces jeunes agences, afin de pouvoir se positionner eux aussi sur ce marché. Un signe de l’importance que prend celui-ci ? L’avenir nous le dira…
On observe également que les investisseurs accordent de plus en plus d’importance aux politiques RSE des entreprises. En effet, les réglementations récentes et à venir comme la loi Pacte, la DPEF ou la SFDR, ainsi que les attentes des consommateurs poussent à privilégier celles ayant une bonne notation ESG.
Néanmoins, le marché est encore jeune, la notation extra-financière est encore peu contrôlée et manque d’uniformisation, notamment en ce qui concerne la méthodologie utilisée par les différentes agences. Il y a à ce jour un besoin de régulation de ce marché et une volonté, notamment européenne, d’harmoniser les réglementations afin de définir une méthode de notation commune.
Récemment, Olivia Grégoire, la secrétaire d’Etat à l’Economie sociale, solidaire et responsable a notamment évoqué la révision d’une directive européenne sur la notation ESG, preuve que le sujet prend de l’importance.
Nos entreprises ont un #impact qu’il faut valoriser. Pour @LePoint, je reviens sur les enjeux de la performance extra-financière, actuellement en discussion au niveau européen.
Dans le jeu économique, soit on construit la règle, soit on la subit !https://t.co/cXfuyIkiNl— Olivia Gregoire (@oliviagregoire) November 12, 2020
Par ailleurs, certains aspects manquent de clarté, comme le contrôle de la qualité de la donnée collectée, le traitement des données manquantes ou la définition des indices ESG servant à la notation. Répondre à ces problématiques est la première étape avant de pouvoir généraliser cette notation.
Quel avenir pour la notation extra-financière ?
Si actuellement la notation extra-financière n’a pas encore la même place que celle dite financière, la pression réglementaire et celle grandissante des investisseurs pourraient rapidement changer la donne dans les années à venir.
Alors, comment le changement va-t-il s’opérer ?
Va-t-on voir la notation autour des enjeux de RSE s’élever en complément de la notation classique ? Ou alors, la tendance actuelle, poussée par la crise Covid et la prise de conscience qu’un changement est nécessaire, pourrait laisser penser à une convergence entre les deux ?
Ainsi, dans un futur pas si lointain, le terme notation intégrerait une vue globale. Ce terme ne dissocierait pas les critères financiers et ESG, et les intégrerait comme un ensemble.
Ce que l’on retient cependant, c’est qu’avant d’envisager une possible convergence, il faudra d’abord régler le problème de maturité de la notation extra-financière. Cela passera en grande partie par la définition de méthodes et d’outils homogènes.