2022, fin de la trêve
En 2022, en France métropolitaine, 41 700 ouvertures de redressement judiciaire, de liquidation judiciaire directe, de procédure de sauvegarde et de traitement de sortie de crises sont comptabilisées, soit une progression de 49,2 % par rapport à 2021. En ajoutant les procédures enregistrées dans les Départements d’outre-mer, nous culminons à près de 43 000 en 2022, soit une progression de 47,9 % sur un an. Néanmoins, ce chiffre reste inférieur à celui de 2019, qui était de 52 600 procédures collectives.
Pour les sauvegardes, dont le nombre est en hausse de 52,4 % en 2022, les niveaux atteints sont désormais supérieurs à ceux de 2018.
Après avoir subi la crise Covid-19 en 2020-2021, les effets de la guerre en Ukraine (hausse du prix de l’énergie et des matières premières) en 2022, les entreprises françaises entrent à présent dans le dur, avec notamment le remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE). Si la vague des défaillances apparaît encore contenue, le mur de la dette est désormais face à de très nombreux intervenants fragilisés par trois années difficiles. L’exercice 2023 se présente comme plus risqué encore, avec une tendance à la hausse qui devrait perdurer, approchant ainsi le niveau de procédures collectives de 2019.
Deux secteurs particulièrement touchés : les services aux particuliers et l’agroalimentaire
En France métropolitaine en 2022, trois secteurs réunissent la majorité des défaillances d’entreprise (redressement judiciaire et liquidation judiciaire directe) : le Bâtiment & Travaux Publics (BTP), les Services aux particuliers et les Services aux entreprises, soit à eux trois 53,5 % des ouvertures de procédure.
Le secteur Agroalimentaire (+99 % de défaillances) a subi de plein fouet l’explosion du prix des matières premières et de l’énergie. Ce secteur est en effet très énergivore tant pour la cuisson que pour la réfrigération des produits.
Les Services aux particuliers (+91 % de défaillances) ont souffert également des arbitrages de consommation des ménages dans un contexte de forte inflation et de baisse des revenus disponibles. Le secteur a surtout été impacté dans sa constituante du Tourisme et en particulier de la restauration, qu’elle soit traditionnelle ou de type rapide. Pour ces intervenants, le nombre de défaillances a été multiplié par plus de deux sur un an. Même sort pour leurs confrères des Débits de boissons avec +94 % de défaillances.
Toujours dans les services aux particuliers, l’augmentation du nombre de défaillances a été également enregistrée pour les soins de beauté (+104 %) et les coiffeurs (+78 %). Deux métiers qui après avoir été largement impactés pas les confinements et fermetures imposés, ne peuvent affronter le remboursement de leurs dettes et la hausse des coûts fixes.
Les PME et autres structures de création récente, fragilisées par les impacts de la pandémie puis par les conséquences du conflit russo-ukrainien, sont clairement les plus menacées par la crise énergétique qui devrait continuer à sévir dans un contexte économique qui restera probablement difficile.
— Max Jammot, Responsable du Pôle Économique chez Ellisphere
Focus sur les grands secteurs d’activité
Les importants déséquilibres engendrés par la crise sanitaire ont déclenché un mécanisme inflationniste, fortement accentué par les impacts du conflit russo-ukrainien.
En France, en 2022, parmi les secteurs les plus impactés, le Bâtiment & Travaux Publics (BTP) a été fortement touché par la hausse du prix des matières premières. En effet, le coût global des matériaux a augmenté de +18 % au premier trimestre 2022, avec une moyenne de +19 % sur l’exercice pour le prix du ciment, de +15,7 % pour le bois et de +60 % pour l’aluminium.
Le secteur de l’Agroalimentaire, fait face à l’explosion des coûts. Pour exemple, les prix des produits alimentaires, en hausse depuis janvier 2021, ont augmenté en moyenne de 10 % en septembre 2022 pour atteindre 12 % en décembre
2022.
De son côté, la situation des productions végétales s’est améliorée (+3,1 % vs -0,1 % en 2021). Le rebond des productions vinicole (+30,9 %) et fruitière (+21,8 %) après un exercice 2021 médiocre, a compensé les baisses des récoltes de céréales (-10,9 %) et de pommes de terre (-9,2 %), liées aux épisodes de sécheresse. Les volumes des productions animales ont été quant à elles, en baisse de -3,4 %.
Les boulangers quant à eux se sont retrouvés… dans le pétrin, du fait principalement de l’explosion des prix des matières premières et de l’énergie. Licenciements ou encore fermetures, de nombreuses menaces planent sur la profession dont les marges ne peuvent plus absorber des factures d’énergie qui ont été multipliées, pour certaines, à minima par 8 ou10.
Après une période dynamique au second semestre 2021 et au premier trimestre 2022, la demande de métaux et d’acier a ralenti. En revanche, la demande en construction aéronautique est demeurée robuste, profitant principalement aux producteurs et aux grossistes en aluminium.
Dans le secteur de l’Aviation commerciale, les carnets de commandes ont été significatifs avec plusieurs années de production garanties, et ce, malgré des pénuries de main d’œuvre, des tensions sur l’approvisionnement de certaines matières premières et de composants électroniques.
Les régions Hauts-De-France, Bretagne et Occitanie fortement impactées
Sans surprise en 2022, les trois premiers bassins économiques métropolitains regroupent une grande part des procédures de redressement judiciaire et liquidation judiciaire directe, soit 45,4 % pour Île de France, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA. Avec l’Occitanie, ces quatre régions représentent 54,6 % des défaillances d’entreprise en métropole.
Quelle situation pour les Départements et Régions d'Outre-Mer ?
En 2022 dans les Départements et Régions d’outre-mer (DROM), le nombre de défaillances d’entreprise (ouvertures de redressement judiciaire et de liquidation judiciaire directe) a augmenté plus modérément qu’en métropole avec +16,3 %. Et ce, même si cette augmentation avait débuté dès 2021.
De plus, à l’inverse de la métropole, le nombre de procédures de sauvegarde a baissé de 8,3 % en 2022. Il est vrai que dans ces départements, les entreprises de grande taille, plus susceptibles d’opter pour cette mesure préventive, restent rares.
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