Qu’est-ce qu’un SPAC ?
Un Special Purpose Acquisition Company (SPAC) est une société cotée en bourse créée dans le but de lever des fonds pour acquérir une entreprise existante, généralement non cotée en bourse, plutôt que de se lancer dans une introduction en bourse traditionnelle (IPO). Les actionnaires des SPACs investissent dans cette société en sachant qu’elle cherche à effectuer une acquisition, mais ils n’ont pas connaissance de l’entreprise cible qui sera acquise.
Les investisseurs vont apporter des fonds (entre 200 et 300 millions d’euros). Ces fonds sont ensuite mis sous séquestre le temps de l’acquisition de la cible. Le délai d’une acquisition peut aller jusqu’à 24 mois. En cas d’échec d’acquisition de la cible, le SPAC est liquidé, et les investisseurs se répartissent alors le capital.
Les fondateurs de ce SPAC, généralement des entrepreneurs et/ou investisseurs de premier plan), vont identifier le secteur d’activité de leur future cible, le lieu de cotation boursière, et ainsi rédiger le prospectus de cotation. Une fois l’opération d’acquisition faite, le SPAC prend la dénomination de la société acquise, laquelle met la main sur les fonds levés.
Quelles spécificités pour les SPACs ?
Quels avantages ?
Les SPACs présentent plusieurs avantages :
- Accès rapide au marché boursier : les entreprises ciblées par les SPACs peuvent accéder rapidement au marché boursier sans passer par la complexité et les coûts d’une introduction en bourse traditionnelle.
- Flexibilité : les SPACs ont généralement une période de temps définie pour trouver une entreprise à acquérir, ce qui leur permet de rester flexibles et de s’adapter aux opportunités du marché.
- Transparence : les SPACs sont tenus de divulguer les informations financières et les détails de l’acquisition proposée aux actionnaires, ce qui permet une transparence accrue pour les investisseurs.
- Liquidité : les SPACs cotés en bourse offrent une liquidité accrue pour les actionnaires, ce qui signifie qu’ils peuvent facilement acheter ou vendre des actions de la société.
- Épargne sur les coûts : les SPACs peuvent économiser sur les coûts d’une introduction en bourse traditionnelle car ils n’ont pas besoin de payer des frais de souscription pour les investisseurs.
Du point de vue des investisseurs, les SPACs se veulent rassurants. En effet, les capitaux déposés sur un compte sous séquestre seront restitués avec des intérêts si les sponsors ne réussissent pas l’acquisition.
Quels inconvénients ?
Cependant, malgré les avantages cités plus haut, l’appel au financement via les SPACs peut également être risqué :
- Investissement à l’aveugle : l’investisseur mise sur la confiance, l’expérience et la renommée de l’équipe sponsor qui a créé le SPAC.
- Manque de transparence : les investisseurs ne connaissent pas la société qui fera l’objet de l’acquisition.
- Risque de ne pas aboutir : le SPAC s’engage à acquérir une cible dans un délai convenu (en général 24 mois) ; la société est dissoute en cas d’échec.
SPACs : quelle situation concrètement ?
Aux USA, on observe un réel engouement pour les SPACs, délaissant peu à peu le Private Equity. En 2019, on comptait 59 SPACs, 248 ont été cotés en 2020 et près de 300 introductions en Bourse (IPO) de SPACs ont été enregistrées au premier trimestre 2021. À fin 2021, on en dénombre environ 600.
En France, on compte 8 SPACs dont 7 sont encore cotés à fin 2022 :
- MEDIAWAN SA : 1er SPAC à être introduit à la bourse de Paris en 2016. Il a levé plus de 250 millions d’euros pour acquérir GROUPE AB (production et distribution audiovisuelles en Europe francophone et en Afrique). MEDIAWAN a été radié de la bourse de Paris fin 2020.
- 2MX Organic : sa vocation est d’investir dans la production et la distribution de biens de consommation durables ; il a levé 300 millions d’€ lors de son IPO en 2020 et a acté son rapprochement avec Invivo Retail. 2MX Organic se dénomme désormais TERACT.
- DEE Tech : destiné à investir dans une entreprise technologique à fort potentiel. L’acquisition de colis privé qui était la société cible du SPAC n’a pas abouti, faute d’accord sur les modalités de mise en œuvre.
- EUREKING : premier SPAC européen dans la santé, dédié à la bioproduction.
- MYHOTELMATCH : entre dans le monde de la TravelTech en 2022 avec l’acquisition des actifs de MyHotelMatch.
- TRANSITION : premier SPAC européen dédié à la transition énergétique.
- ACCOR ACQUISITION COMPANY : il vise des acquisitions dans l’un des secteurs parmi la restauration (Food & Beverage), le flex-office, le bien-être, le divertissement et l’événementiel ou les technologies liées à l’hôtellerie.
- I2PO : créé en 2021, il est dédié au secteur du divertissement et des loisirs ; il a été renommé DEEZER suite à la fusion avec sa cible DEEZER acquise en 2022.
À fin 2022, 4 SPACs sur 8 ont trouvé leur cible.
Qu’en conclure ?
Alors que les introductions en bourse de SPACs aux États-Unis ont augmenté au cours des trois dernières années, leur nombre est resté nettement inférieur en Europe. Certains évoquent une bulle spéculative en train d’exploser. Affaire à suivre.